Merna Alhasan, jeune journaliste syrienne d’Idlib, décrit la douleur ressentie par des civils des répercussions des bombardements depuis la ville d’Ariha, Idlib.
«Bien sûr tout le monde souffre des répercussions des bombardements, mais sur le moment, on ne se rend vraiment pas compte de l’ampleur de la catastrophe. Au lendemain d’une frappe aérienne, les gens se préoccupent de prier pour les personnes tuées, de retirer les blessés des ruines ou de nettoyer la ville. Mais l’angoisse qu’on ressent après le bombardement est encore plus difficile à supporter.
«Ici, cinq personnes ont été tuées avec de nombreuses blessées, parmi lesquelles des femmes et des enfants. On ne cible pas uniquement les foyers des civiles délibérément mais aussi les institutions et les infrastructures vitales. On tente de couper complètement les liens de survie des villes avec une politique de destruction systématique. Le but est d’obliger les civils à fuir en ciblant les régions rurales du sud et de l'ouest d'Idlib, d'Arihah et d’autres villes. Ces zones ont fait l’objet d’une campagne militaire acharnée de la part des agresseurs russes et des forces d’Assad.
«Aujourd’hui Ariha est presque vide. Elle n’est plus la « Mariée du Nord » ni la ville des cerisiers non plus. Le sol est teinté de sang des enfants et des femmes tués.
«Nous avons assisté à des événements dévastateurs. Il y avait Rawan et sa sœur, et des gens qui ont péri brûlés à mort car il y avait un dépôt de carburant ici.
«Ici au même endroit, il y avait le département d’une autorité locale et un syndicat d’enseignants. Mais les gens sont partis d’ici maintenant. Certains retourneront dans les villes qu’ils ont fuies auparavant, mais ils y trouveront ni maison ni vie. Alors, où peuvent-ils aller ces gens? D’autres ne peuvent pas se permettre de fuir. C’est un exemple parfait de la situation générale des personnes qui vivent dans les zones libérées.
«Néanmoins, certaines personnes reviendront et trouveront leurs maisons détruites, leur ville décimée. Les familles seront obligées de partir ou de vivre dans une petite pièce vide avec rien qu’un toit car elles veulent rester dans leur ville natale.
«C’est pourquoi je voulais parler de ces effets moins évidents. Ces bombardements ont une portée considérable et constituent une catastrophe humanitaire. Les agresseurs russes et les forces d’Assad menacent de détruire et réduire à néant tout ce pour lequel nous avons travaillé et passé nos vies à construire
«Mais je veux aussi envoyer un message: Ici à Idlib, il y a des millions de personnes qui n'ont pas baissé les bras. C’est notre espoir, si Dieu le veut, que nous gagnerons notre liberté, malgré tout le sang versé, malgré tout ce que nous avons sacrifié, et que la victoire sera avec nous.»